Para Antonin Artaud toda expresión auténtica, artística, es un suplicio que uno se inflinge a sí mismo para librarse de los tormentos de la vida. En sus escritos, en sus poemas, en sus dibujos, en sus actuaciones ahonda una y otra vez en el sufrimiento tratando de curar su cuerpo y su alma. Su "Teatro de la Crueldad" persigue asimismo despertar los sentidos torturando el Sentido, revelar a los espectadores que están muertos en vida para que puedan regresar a un mundo de existencia plena. De este universo galvanizante donde el arte y la vida se funden inextricablemente, el lápiz surge como el medio y la figura de una escritura terapéutica que deje huellas en el papel y en la escena como cicatrices sin renunciar por ello a manifestar su naturaleza efímera.
Pour Antonin Artaud toute expression authentique, artistique, est un supplice que l'on s'autoinflige pour échapper aux tourments de la vie. Dans ses écrits, dans ses poèmes, dans ses dessins, à travers son jeu dramatique, il ne cesse de creuser dans la souffrance afin de guérir son corps et son âme. Son "Théâtre de la Cruauté" cherche également à reveiller les sens en torturant le Sens, à montrer aux spectateurs qu'ils sont morts en vie pour qu'ils puissent retrouver un monde d'existence totale. De cet univers galvanique où l'art et la vie se mélangent inextricablement, le crayon apparaît comme un moyen et une figure d'une écriture thérapeutique qui laisse sur le papier et sur la scène des traces comme des cicatrices sans renoncer pour autant à manifester sa nature éphémère.