Pascale Massé-Arkan
L'ancien français possède deux démonstratifs: cist et cil, traditionnellement considérés comme proche-lointain. Je réexamine ici cette opposition dans le champ textuel sous un angle fonctionnel, utilisant la catégorisation de Himmelmann (1996). J'ai observé une distribution complémentaire entre le déterminant démonstratif cil, fortement corrélé à la reprise fidèle ou non fidèle, et le déterminant cist lié à la deixis textuelle. Cil dans l'emploi de reprise assure la cohésion du texte, renforçant le réseau thématique et le cadre spatio-temporel de celui-ci. De plus, en résumant de larges unités du texte précédent, cil contribue à l'élaboration de la "macro-structure", décrite dans le modèle d'analyse du discours de van Dijk and Kintsch (1983). Cist peut lui être considéré comme metadiscursif. En deixis textuelle, il assure la désignation des parties du texte, et permet la délimitation d'un discours rapporté. En référant ainsi au texte en tant que "super-structure", cist aide le lecteur à s'orienter dans le récit. Assurant respectivement cohésion et différenciation, cil et cist jouent un rôle important dans le processus de compréhension du discours et la grammaire textuelle.