Anna Svenbro
De la relación a la Antigüedad de traductores y pensadores medievales que se interesaron por la traducción (al menos hasta santo Tomás de Aquino), la posteridad se ha quedado a menudo con la idea de que estos se apoyaban en adagios antiguos y en un conjunto fragmentario y heteróclito erigido a ojo de buen cubero en corpus de reglas generales. Este trabajo se propone matizar dicha constatación de fragmentación a caballo entre Antigüedad y Edad Media, a través, concretamente, de las figuras de Jerónimo, Agustín y Boecio, de los debates en los que participaron, y también comprender la manera en que sus reflexiones han podido estructurar la traductología medieval y han hecho que la traducción sea objeto de “ciencia”, no en el sentido actual sino en el latino de scientia, es decir un saber razonado, normado y avalado por una institución.
Du rapport à l’Antiquité des traducteurs et penseurs médiévaux ayant traité de la traduction (du moins jusqu’à Thomas d’Aquin), la postérité a souvent retenu que ceux-ci s’appuyaient sur les adages antiques comme sur un ensemble parcellaire et hétérogène érigé « au doigt mouillé » en corpus de règles générales. Cette contribution se propose de nuancer ce constat de fragmentation et d’hétérogénéité, et de présenter les premières grandes tentatives de théoriser la traduction à la charnière de l’Antiquité et du Moyen Âge, à travers, notamment, les figures de Jérôme, Augustin et Boèce, les débats auxquels ils ont pris part, et à distinguer la manière dont leurs réflexions ont structuré la traductologie médiévale, et ont fait de la traduction l’objet d’une « science », au sens non-contemporain, mais latin de scientia, c’est-à-dire un savoir raisonné, normatif et validé par une institution.