La reina bíblica Esther fue modelo para las reinas medievales desde el siglo IX. Su misión conocida fue interceder ante su esposo Asuero para salvar a su pueblo. Fue ese papel de intercesión el que se resaltó y consideró apropiado para reinas, y el que se subrayó especialmente en su cometido de colaborar al mantenimiento de la paz y armonía en sus reinos. ¿Había sido siempre la intercesión el recurso utilizado por las reinas para contribuir a la paz? ¿Por qué se llegó a considerar como fórmula apropiada para la intervención de las reinas en la vida política? ¿Era la intercesión un derecho, una limitación o un papel que, como una construcción cultural de género, se consideró propio de mujeres? A través de dos reinas hispanas, Sancha de León (1037-1067) y Violante de Aragón, reina de Castilla entre 1252 y 1284, se valorará si la figura de Esther fue un simple modelo retórico utilizado por escritores, tratadistas y cronistas, que no siempre responde a la realidad de la práctica política de las mujeres de poder.
La reine biblique Esther a été un modèle pour les reines médiévales depuis le XIe siècle. Elle intervint auprès de son époux le roi Assuérus pour sauver son peuple. Le rôle d’intercession d´Esther a été remarqué et considéré le plus approprié pour les reines, particulièrement si elles prétendent contribuer à maintenir la paix et l’harmonie en leur royaume. L'intercession a-t-elle toujours été le recours des reines pour contribuer à la paix ? Pourquoi fut-elle considérée comme la formule adéquate de l'intervention des reines dans la vie politique ? L'intercession était-elle un droit, une limitation ou un rôle qui, comme une construction culturelle de genre, a été considéré comme approprié aux dames ? Je tâcherai de répondre à ces questions en étudiant dans cet article le cas de deux reines hispaniques, Sancha de León (1037-1067) et Violante de Aragón, reine de Castille entre 1252 et 1284, en cherchant à déterminer si l'image d'Esther a été un simple modèle rhétorique employé par les écrivains, les auteurs de traités et les chroniqueurs, qui n'a pas toujours correspondu à la réalité de la pratique politique des femmes du pouvoir.