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Georges Martin
Muy al contrario de lo que se afirmó antaño y alguno sigue opinando, la producción historiográfica del reinado de Alfonso III no tuvo los “pobres” y “bárbaros” albores de algún esbozo cronístico “seco”, “frío”, “lacónico” y “oscuro” –ni aun “sencillo” ni “sobrio”–. Tampoco se formó progresivamente, completando con retazos informativos alguna crónica de anteriores reinados. Surgió de golpe, por los años 877-881, con una obra amplia, densa, estructurada, razonada, culta e informadísima a la vez que inventiva, y de ambicioso alcance político: la versión “rotense” de la Crónica de Alfonso III. Sobre esta espléndida base, en el fervoroso scriptorium de la iglesia del Salvador, donde clérigos de procedencia astur, goda o mozárabe colaboraban a su manera en la conquista de un territorio otrora cristiano y en la construcción de la infraestructura gubernativa de un reino en pleno desarrollo, nació primero, en 881, un compendio historiográfico que vinculaba a Alfonso III y a los anteriores monarcas asturianos con los emperadores romanos y los reyes godos. En 883, este entró a formar parte de un memorándum o manual de saberes naturales e históricos que integró la monarquía asturiana en las grandes coordenadas físicas, históricas y culturales del ámbito universal e hispánico. Entre tanto, en el mismo año 883, se había forjado una profecía destinada a afianzar y alentar el impulso reconquistador de Alfonso III. Seguidamente, entre 883 y 890, un historiador regio que tenía a mano el conjunto de los textos conservados o producidos en Oviedo procedió a realzar la dignidad formal de la versión primitiva de la Crónica de Alfonso III, a expurgarla de sus contenidos molestos o escandalosos, y a centrarla más decididamente en la exaltación de la dinastía reinante.
Au contraire de ce que l’on a cru et de ce que certains continuent de croire, la production historiographique du règne d’Alphonse III ne connut pas les débuts « pauvres » et « barbares » d’une ébauche de chronique « sèche », « froide », « laconique » et « obscure » –ni même « simple » et « sobre ». Elle ne s’est pas non plus constituée progressivement, complétant à coup d’informations ponctuelles quelque relation de règnes antérieurs. Elle a surgi soudainement, dans les années 877-881, sous la forme d’une œuvre longue, dense, structurée, raisonnée et savante, richement informée en même temps qu’inventive, et d’une puissante portée politique : la version « rotense » de la Chronique d’Aphonse III. Sur cette superbe base, dans le fervent scriptorium de l’église Saint-Sauveur d’Oviedo, où des clercs d’origine asture, gothe ou mozarabe collaboraient à leur manière à la conquête d’un territoire naguère chrétien et à la conception des instruments permettant de gouverner un royaume en plein essor, fut d’abord produit, en 881, un résumé qui reliait Alphonse III et ses prédécesseurs asturiens aux empereurs romains et aux rois goths. En 883, celui-ci fut inséré dans un mémorandum ou manuel de savoirs naturels et historiques qui inscrivit la royauté asturienne dans les grandes coordonnées physiques, historiques et culturelles du monde et de l’Hispania. Entre-temps, en cette même année 883, surgissait une prophétie destinée à stimuler l’élan de la « reconquête » menée par Alphonse III. Par la suite, entre 883 et 890, un historien royal qui disposait de l’ensemble des textes produits ou conservés à Oviedo s’employa à rehausser la qualité formelle de la première version de la Chronique d’Alphonse III, à l’expurger de ses contenus gênants ou scandaleux et à la centrer plus résolument sur l’exaltation de la dynastie régnante.
