Cécile Vincent-Cassy
La délivrance de saint Pierre est un épisode bien plus rare dans la peinture espagnole que dans la peinture italienne, marquée par l’interprétation que Rafael Sanzio en a donné dans la chambre d’Héliodore (Vatican). Sa rareté a incité les peintres à faire de leurs compositions des morceaux de bravoure, à faire montre de leur capacité à traiter ce que la délivrance, en son instant, induit en termes émotionnels et formels. L’expression de la surprise, l’obscurité rompue, le percement de la lumière angélique dans un intérieur carcélaire, l’échange non verbal entre saint Pierre et l’ange, sont autant de sujets que Roelas, dans un unicum sévillan de 1612, puis Ribera répondant à une commande du milieu de la Cour en 1639, ont importé d’Italie. Alonso Cano, Antonio de Pereda et enfin Francisco Rizi ont rivalisé d’invention pour affronter l’épisode qui a octroyé à l’apôtre Pierre son statut de père de l’Église