Siobhan Fenella Guerrero Mc Manus, Nadège Guilhem (trad.)
Il est courant, aujourd’hui, de trouver des positions affirmant que la reconnaissance du droit à l’autodétermination du genre, prônée par une partie importante du mouvement trans, est dangereuse et peut même conduire à des dynamiques totalitaires, car elle remet en cause le cadre juridique qui a prévalu jusqu’à présent et dans lequel l’identité de genre était attribuée en fonction d’une série de marqueurs somatiques. Ces positions n’émanent pas exclusivement de secteurs historiquement associés à la droite, puisque des intellectuels de gauche ont également exprimé les mêmes préoccupations ; la célèbre psychanalyste française Élisabeth Roudinesco en est un exemple remarquable. L’objectif de cet article est de mettre en évidence les continuités qui existent entre le mouvement anti-genre associé à la droite néo-conservatrice et cette autre variété de positions trans-exclusives issues de la gauche. Cet article soutient que ces coïncidences ne sont pas accidentelles et qu’elles révèlent, au contraire, l’influence des logiques coloniales dans les deux cas.